19. mai 2023

Actualité

Oppression des femmes en Chine

Uigur women work in a cloth factory in Hotan county, Xinjiang province, China.

Des Ouïghour·e·s travaillant dans une fabrique de textile dans la région d’Hotan dans le sud du Turkestan oriental. Photo : Azamat Imanaliev

Le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a exprimé des inquiétudes dans le cadre de l’examen de la Chine de cette année, y compris en ce qui concerne la situation des femmes appartenant aux minorités ouïghoures et tibétaines, l’oppression chinoise sur ces groupes de population se traduisant aussi au niveau du genre. La responsable de campagne SPM, Fabienne Krebs, fait le point sur la situation.

Le CEDAW est le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (de l’anglais Committee on the Elimination of Discrimination against Women), composé de 23 expert·e·s. Il contrôle la mise en œuvre de la Convention de l’ONU sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. Les Etats signataires de cette convention doivent, à intervalles réguliers, établir un rapport sur leur mise en œuvre de la convention de l’ONU. Le comité vérifie cela lors de sessions publiques et exprime ses réflexions et recommandations dans des observations finales adressées à chacun des Etats.

La Chine a signé cette convention en 1980. Cette année, la session publique durant laquelle le CEDAW a analysé et commenté le rapport de la Chine a eu lieu le 12 mai. Cette session était attendue avec beaucoup d’impatience, surtout de la part des Ouïghour·e·s et Tibétain·ne·s qui subissent une oppression notamment liée au genre.

La présidente du Comité des femmes du Congrès mondial ouïghour (WUC), Zumretay Arkin, a déclaré lors de la session publique du CEDAW : « Cet examen a clairement montré que le gouvernement chinois nie, une fois de plus, les nombreuses violations à l’encontre des droits humains, qui s’apparentent à un génocide. Le Comité doit maintenant évaluer les preuves fournies par les ONG, les chercheur·euse·s et d’autres organismes indépendants, et demander des comptes au gouvernement chinois. »

Quelle est la situation en Chine ?

La disparition, fin 2021, de la joueuse de tennis Peng Shua a fait des vagues dans les médias occidentaux. Mais il est rare d’en entendre parler ; c’est ce qu’a rappelé notre organisation partenaire ouïghoure lors de la session CEDAW de cette année : la politique d’assimilation dans le Turkestan oriental touche différemment les femmes des hommes. Les jeunes femmes du Turkestan oriental sont fortement opprimées dans les régions reculées de Chine, contraintes de travailler dans le domaine du textile. Des mariages forcés sont organisés pour les jeunes femmes ouïghoures avec des Chinois Han. Les survivantes des camps parlent de stérilisations médicamenteuses forcées des femmes. Et même en dehors des camps, le taux de natalité de la population ouïghoure est massivement réduit par des contraceptions forcées au moyen de stérilets.

Comment les expert·e·s de la CEDAW se sont-ils·elles exprimé·e·s lors de la session publique ?

Plusieurs membres du comité ont posé des questions critiques sur les multiples discriminations touchant les femmes et les filles membres de minorités en Chine. L’experte lituanienne, Dalia Leinartė, a mentionné très explicitement des cas de violence sexuée dans les camps, des situations de travail forcé et de mariages forcés avec des Chinois Han. L’examen de la CEDAW n’est cependant pas encore terminé et, par conséquent, aucune recommandation n’a encore été publiée.

La CEDAW est-elle un mécanisme efficace pour améliorer la situation des femmes et des filles en Chine ?

Dans le cadre de l’examen des rapports nationaux, le Comité demande aux pays de rendre des comptes sur le respect et la mise en œuvre de la Convention de l’ONU sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. Mais on ne peut pas à proprement parler d’un mécanisme contraignant puisque la CEDAW ne peut émettre que des recommandations. Ces examens constituent néanmoins un moyen politique d’attirer l’attention internationale sur la situation des femmes et des filles en Chine. Cela reste une opportunité exceptionnelle car on parle peu, au niveau mondial, non seulement de la discrimination et de la violence liées au genre en Chine, mais aussi des mouvements féministes chinois.

Apprenez-en plus sur la situation des femmes dans les camps d’internement chinois en lisant l'histoire de la survivante Sayragul Sauytbay.

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