21. juillet 2023

Actualité

Des militant·e·s autochtones de Russie condamnent très clairement le MEDPA

Cette semaine se tient la 16e session du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones (MEDPA) à Genève. Plusieurs partenaires de la SPM sont présent·e·s sur place et participent à l’événement. Ils·elles s’engagent avec force pour contrer la propagande russe et ont, à cet effet, exprimé de vives critiques à l’égard du MEDPA auquel ils·elles reprochent de ne pas faire le poids.

C’est ce lundi qu’a débuté la 16e session du Mécanisme d’experts sur les droits des peuples autochtones (MEDPA) à Genève. Et les débats en cours illustrent bien une chose : le MEDPA ne peut pas fonctionner indépendamment des positions des Etats, de leur influence et des tensions géopolitiques. Un constat que reflète le rapport provisoire sur le thème de la militarisation et ses conséquences pour les droits des autochtones, présenté et commenté lors d’une session de travail du MEDPA.

Pour les partenaires de la Russie de la SPM, cette question est on ne peut plus urgente dans le contexte de guerre actuel. Or, les critiques qu’ils·elles ont émises n’ont pas été intégrées au rapport. Pour les représentant·e·s autochtones comme Yana Tannagasheva et Dmitry Berezhkov présent·e·s à Genève, il est donc d’autant plus essentiel de s’opposer aux voix proches de l’Etat qui s’expriment au sein du MEDPA, et de rétablir la vérité. Comme le dit clairement Yana Tannagasheva : « Nous constatons avec une vive inquiétude que les chapitres de l’étude du MEDPA consacrés à la militarisation et concernant l’Ukraine et la Russie vont à l’encontre de ce qui se passe réellement et ne se prêtent pas à la publication. »

Le MEDPA présentera son rapport au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies avec un an de retard. La raison de cette présentation tardive ? Le rapport était censé documenter aussi les conséquences de la militarisation dans le cadre de l’invasion de la Russie en Ukraine le 24 février 2022 et qui, à l’époque, n’étaient pas encore prévisibles. Or, dans le rapport provisoire présenté maintenant, le MEDPA évoque à peine le sujet – ou sous les termes de la propagande russe.


Et tout cela, en dépit des lourdes conséquences sur les communautés autochtones d’Ukraine et de Russie, de la guerre en Ukraine et de la militarisation qui en découle : « 
Cette guerre a, de part et d’autre, coûté la vie à des milliers d’autochtones. La Crimée a vu les membres de sa communauté autochtone tomber sous les balles russes tandis qu’en Russie, les hommes de la population autochtone, laquelle reste la plus défavorisée et la plus fragile dans notre pays, ont dû intégrer les forces armées russes contre leur gré ; nombre d’entre eux, enrôlés comme soldats de l’armée coloniale, meurent en Ukraine », explique Dmitry Berezhkov, un militant autochtone originaire du Kamtchatka, qui défend les droits des communautés autochtones de Russie. Et Yana Tannagasheva, une militante autochtone qui a fui la Russie suite à des menaces à son encontre et celle de sa famille, d’ajouter que, selon une étude, le risque pour les hommes autochtones de mourir à cause de la guerre était 300 fois plus élevé que pour la majorité de la population blanche et d’ethnie russe.

Silence sur la répression et le service militaire forcé


Ce sont des informations qu’omet de mentionner le rapport – qui tend plutôt à indiquer qu’en Russie, dans le contexte de guerre contre l’Ukraine, les autochtones ont été exemptés du service militaire. « C’est totalement faux et mensonger, confie Dmitry Berezhkov. Mes amis autochtones de Yakutia ont été enrôlés de force par l’armée russe pour combattre en Ukraine, parce qu’ils sont des chasseurs autochtones. Parce qu’ils ont l’habitude de chasser, qu’ils s’expriment dans des langues autochtones que les soldats ukrainiens ne comprennent pas, et parce qu’ils n’ont pas d’emploi formel. En les enrôlant, les autorités prétextent même faire baisser le chômage dans la région. » La répression à l’encontre des personnes qui se mobilisent a, elle aussi, nettement augmenté, comme l’explique Yana Tannagasheva : « Le régime russe a intensifié les actes de persécution et d’intimidation à l’encontre de représentant·e·s de communautés autochtones qui luttent ouvertement pour leur pays, leurs territoires et leur droit à l’autodétermination, et qui osent exprimer publiquement leur position. »

De tout cela, le rapport ne fait nulle mention. Qui plus est, le langage qui y est employé rappelle celui utilisé par la propagande russe : « C’est une honte, déplore Dmitry Berezhkov, et je me pose la question suivante : à quel moment et pour quelles raisons le MEDPA est-il passé d’une organisation de défense des droits humains à un service de propagande russe ? »

Pour contrer cette propagande, les organisations partenaires russes de la SPM et des représentant·e·s de la communauté tatare de Crimée ont mené une action de protestation lors d’une prise de parole de militant·e·s tatares, en brandissant des pancartes sur lesquelles figuraient des messages demandant à la Russie de mettre fin à la guerre et d’arrêter de massacrer les autochtones – des mots extrêmement courageux compte tenu du climat de répression actuel en Russie. Les forces de sécurité de l’ONU sont aussitôt intervenues pour mettre fin à la manifestation. En cas de nouvelle protestation, les militant·e·s risquent de ne plus pouvoir entrer dans l’enceinte de l’ONU.

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