14. mars 2019

Communiqué de presse

Ministère public péruvien suspecte ancien fournisseur péruvien de Metalor

Fin mars 2018, les douanes péruviennes avaient saisi près de 100 kilos d’or appartenant à Minerales del Sur et destinés à la raffinerie suisse Metalor. Des documents que la Société pour les peuples menacés a pu consulter montrent que les autorités péruviennes suspectent la société exportatrice d’or Minerales del Sur pour blanchiment d’argent et d’extraction d’or illégale.

Les autorités péruviennes ont ouvert une enquête préliminaire suite à la saisie de près de 100 kilos d’or destinés à la raffinerie suisse Metalor. En décembre 2018, un tribunal péruvien a décidé que l’or saisi serait définitivement confisqué. Et le 25 février 2019, un tribunal supérieur a débouté le recours contre la saisie. La Société pour les peuples menacés (SPM) a pu consulter des documents afférents à cette affaire, issus des tribunaux  et du Ministère public péruvien compétent. Y sont notamment présentées les suspicions des autorités à l’encontre de Minerales del Sur, suspectée de blanchiment d’argent et d’extraction d’or illégal. « Les éléments collectés par le Ministère public péruvien décrivent des processus qui font penser à un blanchiment d’argent », explique Julia Büsser, responsable de campagne économie et droits des peuples autochtones pour la SPM. Le Ministère public péruvien avance notamment les indices suivants :

  • le Ministère public péruvien a recensé 16 « fournisseurs à haut risque » de Minerales del Sur, entre janvier et mars 2018. A titre d’exemple, une de ces fournisseurs d’or a livré trois kilos des 100 kilos d’or saisi en indiquant sa concession comme lieu d’origine du minerai. Or, une visite des autorités sur le site en question a révélé qu’il n’y existait aucune activité d’extraction d’or. Pour le Ministère public péruvien, il est fort probable que l’origine de cet or et de celui des autres « fournisseurs à haut risque » soit illégale ;
  • selon le Ministère public péruvien, Minerales del Sur pouvait compter simultanément jusqu’à 900 fournisseurs ;
  • selon le Ministère public péruvien, l’entreprise publique Activos Mineros, qui délivre la licence d’exploitation à Minerales del Sur et sur laquelle la raffinerie suisse Metalor s’est toujours appuyée, avait elle aussi signalé aux autorités douanières des irrégularités concernant l’activité de Minerales del Sur ;
  • toujours selon le Ministère public péruvien, Minerales del Sur possède des sites d’approvisionnement en or dans les régions de La Rinconada et Ananea, polluées par le mercure, ainsi que dans la région très controversée de Madre de Dios.

« Nous suivons tout cela avec attention pour voir si Minerales del Sur va faire l’objet de poursuites pénales », confie Julia Büsser de la SPM. Mais pour l’instant, l’ensemble des parties concernées par la procédure en cours bénéficie de la présomption d’innocence.

Minerales del Sur était jusqu’à la saisie le troisième exportateur d’or du Pérou. Selon le Ministère public péruvien, la raffinerie suisse Metalor était l’unique importateur d’or de Minerales del Sur entre 2001 et 2018, période durant laquelle ses importations d’or se sont élevées à plus de 100 tons pour une valeur d’environ 3,5 milliards de dollars.

L’émission télévisée « Rundschau » diffusée mercredi 13 mars 2019 s’est penchée sur la question de Minerales del Sur. La raffinerie suisse Metalor y expose également son point de vue. Selon la  Rundschau, Metalor confirme avoir obtenu de l'or de la controversée mine "La Rinconada" au Pérou. Dans l'émission, Metalor est cité comme suit : «Metalor hat ausschliesslich Gold von registrierten und legal schürfenden Minen bezogen.» Selon ses propres informations, Metalor n'a pas obtenu d'or de sociétés de négoce d'or au Pérou depuis la saisie, selon la Rundschau. Selon l'émission, Metalor a déclaré qu'elle aurait cessé ses relations commerciales plus tôt s'il y avait eu des signes de divergences. Metalor est citée comme suit dans la Rundschau : «Wir sind sicher, dass Minersur keine kriminelle Organisation ist. Und wir sind überzeugt, dass die Firma kein illegales Gold gewaschen hat.»
La société Minerales del Sur (Minersur) prend également position dans la Rundschau. Une avocate de la société a remis en question les enquêtes des autorités péruviennes. Quintano Méndez de Minerales del Sur a dit à la Rundschau: „Wir sind schon seit zwanzig Jahren im Geschäft und haben die Gesetze immer eingehalten.“

Emission télévisée Rundschau du 13 mars 2019

Article sur www.srf.ch du 13 mars 2019

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