04. septembre 2023
Communiqué de presse
Assemblée des Nations Unies pour l’environnement: Des communautés et leaders autochtones appellent à renforcer la gouvernance des ressources minérales
Tandis que l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (ANUE) se prépare pour sa consultation mondiale intergouvernementale sur la gouvernance des ressources minérales, qui se tiendra les 7 et 8 septembre prochains à Genève, des représentant·e·s de communautés et de peuples autochtones impactés par les activités minières dans le monde présentent leurs revendications appelant à des réglementations strictes en matière d’exploitation minière.
Ces porte-paroles demandent instamment à l’ANUE et ses Etats membres de garantir aux peuples autochtones concernés par des projets d’extraction minière le droit au consentement libre, préalable et éclairé (CLPE). Par ailleurs, ils·elles demandent l’adoption de normes de sécurité plus élevées concernant les déchets miniers, appelant les gouvernements à tenir les entreprises minières responsables des éventuels dommages, et soulignent l’importance de réglementations favorisant l’économie circulaire qui mettent l’accent sur le recyclage, la réutilisation, la réparation et une conception des produits de qualité supérieure, dans le but de réduire, au niveau mondial, le besoin en nouvelles mines.
« Nous savons que, dans le secteur minier, le ‘business as usual’ ne fonctionne pas. Il faut que nos dirigeant·e·s garantissent la mise en œuvre de mesures de protection environnementale fortes et l’implication des communautés tout au long du cycle de vie de la mine, y compris en matière de gestion des déchets miniers, déclare Hassen Lorgat de l’organisation Bench Marks Foundation en Afrique du Sud. La consultation mondiale de l’ANUE est l’occasion pour les gouvernements et les instances de régulation du monde entier de s’assurer que les risques et les dangers liés à l’industrie minière ne continuent pas de porter atteinte aux communautés, aux écosystèmes et aux droits des peuples autochtones. Notre mission commune est de veiller à ce que ces engagements soient tenus là où nombre de personnes ne tirent aucun avantage de l’extractivisme minier cupide. »
Secteur aurifère suisse
Réuni·e·s en Suisse, ces représentant·e·s s’en prennent également au secteur aurifère suisse et au gouvernement. Sachant que 70 % de l’or négocié et raffiné dans le monde passent par la Suisse, le pays a une responsabilité accrue quant au respect de normes irréprochables en matière d’exploitation minière visant à garantir la sécurité des communautés, les droits des autochtones et la transparence concernant les flux d’or.
« Nous voyons de nos propres yeux à quel point les mines insuffisamment réglementées affectent de manière négative notre eau, notre air, nos récoltes et même notre santé. Les entreprises minières disent apporter le progrès mais nous sommes l’une des provinces les plus pauvres de notre pays alors même que nous vivons à proximité de l’une des plus importantes mines d’or au monde, explique Leoncia Ramos de l’organisation Comite Nuevo Renacer, en République dominicaine. Les gouvernements et l’ANUE doivent trouver des moyens de protéger les communautés et l’environnement des effets néfastes de l’activité minière et veiller à ce que leur droit au consentement libre, préalable et éclairé soit garanti pour tout projet. »
Les pratiques actuelles du secteur minier présentent risques graves allant de la dégradation de l’environnement à la violation des droits humains. Les effets préjudiciables de l’industrie minière soulignent l’urgence pour les membres de l’ANUE de soutenir une gouvernance des ressources minérales responsable, en faisant de la santé des écosystèmes, des communautés autochtones et des générations futures une priorité.
Comme l’explique Lorena Curuaia, vice-présidente de la communauté Curuaia du village d’Iawa en Amazonie brésilienne : « La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), adoptée en 2007, protège les droits collectifs des peuples autochtones à leurs terres, territoires et ressources, et pourtant, l’histoire montre que ces droits n’ont cessé d’être bafoués par le recours à des pratiques minières dangereuses. Les exemples ne manquent pas pour lorsqu’il s’agit du Brésil et les conséquences pour l’Amazonie sont incalculables et irréparables. C’est pourquoi les consultations de l’ANUE doivent soutenir un processus visant à codifier la DNUPDA de manière à garantir, par le biais de documents contraignants, le plein exercice de notre autodétermination en tant que peuples autochtones, ainsi que les processus de consultation et le droit au consentement libre, préalable et éclairé. Cela est essentiel afin de non seulement garantir le respect des droits humains des peuples autochtones mais également d’honorer notre lien ancestral avec le bien commun qu’est la nature, notre sagesse et notre savoir traditionnel, en ne laissant personne sur le bord du chemin. »
Informations générales sur le travail de l’ANUE concernant la gouvernance des ressources minérales
En 2022, l’ANUE a adopté une résolution soulignant la nécessité impérative de favoriser une gestion écologiquement durable des minéraux et des métaux. Reconnaissant les défis en matière de réglementation rencontrés par les pays et concernant la supervision du secteur minier, l’ANUE a initié une série de consultations en 2023. Les échanges auxquels ces dernières ont donné lieu et visant à évaluer les stratégies actuelles et déterminer les orientations futures, déboucheront sur une consultation mondiale à Genève.