12. mars 2024

Communiqué de presse

Elections en Russie : l’espace pour œuvrer en faveur des droits humains est de plus en plus restreint

Le week-end prochain, le dictateur russe, Vladimir Poutine, s’apprête à se faire réélire président pour un nouveau mandat de six ans. Les représentant·e·s autochtones de Russie redoutent une nouvelle escalade de la répression ainsi que des mobilisations supplémentaires visant à alimenter la guerre d’agression de la Russie en Ukraine, pour laquelle le Kremlin recrute un nombre disproportionné de membres de petites communautés autochtones de Sibérie.

Du 15 au 17 mars prochain se tiendront les élections présidentielles en Russie, dont l’issue ne fait aucun doute : selon tous les pronostics, Vladimir Poutine sera réélu président du plus grand pays du monde pour un nouveau mandat de six ans. Il ne s’agirait pas moins de son cinquième mandat de président. Dès 2012, on a pressenti l’instauration d’une gouvernance de plus en plus répressive. Diverses nouvelles lois ont été progressivement durcies, à l’instar de celle contre les « agent·e·s de l’étranger » et celle contre les organisations considérées comme « indésirables ». « L’espace pour œuvrer en faveur des droits humains est de plus en plus restreint, déplore Tabea Willi, responsable du programme Arctique au sein de la Société pour les peuples menacés. Les organisations de défense des droits des autochtones de Russie sont également durement touchées par les lois répressives, leur application arbitraire et les peines draconiennes qu’elles engendrent. »

L’organisation Center for Support of Indigenous Peoples of the North (CSIPN), l’une des principales organisations de défense des droits des autochtones, a notamment été condamnée à la fermeture en 2019 déjà par un tribunal moscovite pour cause de violation de la loi contre les « agent·e·s de l’étranger ». Par ailleurs, bon nombre de militant·e·s autochtones ont été contraint·e·s de quitter le pays en raison d’intimidations de plus en plus véhémentes. Le comité International Committee for Indigenous Peoples of Russia (ICIPR), fondé par des militant·e·s en exil après le début de la guerre d’agression russe, s’engage depuis l’étranger en faveur des droits des communautés autochtones de Russie et se positionne clairement contre la guerre en Ukraine.

Contrairement à la plus grande organisation autochtone de Russie, la Russian Association of Indigenous Peoples of the North (RAIPON), dont Vladimir Poutine s’est assuré le soutien entier et unanime quelques jours seulement après l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022. Celle-ci avait déjà été occupée avant l'attaque contre la Russie par des membres exclusivement fidèles à l'Etat, tandis que les anciens membres s'étaient en partie exilés.

Des communautés autochtones touchées par la guerre

Pourtant, les communautés autochtones sont tout particulièrement touchées par la guerre contre l’Ukraine, notamment sur le plan de la mobilisation. Les méthodes employées dans ce cadre sont des plus brutales, comme le montre l’exemple de deux frères du peuple chor, Semyon et Gennady Kiskorov : ils ont été enrôlés dans l’armée en octobre 2022 et après avoir été blessés, ils ont refusé de retourner sur le front. Suite à cela, Semyon a retrouvé son frère ligoté à un arbre. « Ce régime rend les gens co-responsables de crimes. Bon nombre de jeunes du peuple chor ont perdu la vie dans cette guerre, alors que notre communauté ne compte que 12 000 personnes, explique Yana Tannagasheva, militante en exil, également membre de ce peuple. Ces jeunes partent au combat pour le dictateur sous l’influence de la propagande, de la peur et de menaces. Toute personne qui refuse de tuer en Ukraine doit s’attendre à des conséquences terribles.

La Société pour les peuples menacés soutient les communautés autochtones de l’Arctique russe dans leur lutte pour défendre leurs droits et conserver leur espace de vie. Compte tenu de la situation actuelle, il est très difficile d’œuvrer en faveur des droits humains. La SPM maintient dans la mesure du possible le contact avec les communautés autochtones sur place et apporte en outre son soutien aux membres de ces communautés qui sont en exil et qui militent en faveur des droits humains.

Plus de communiqués de presse sur le thème

Plus sur le thème

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez la sauvegarde de Cookies sur votre ordinateur. Plus d'information

Ok

Souscription à la newsletter

Notre newsletter vous informe sur les développements politiques actuels et sur l'engagement de la SPM et de nos organisations partenaires.

Prénom *
Nom *