03. mars 2023

Actualité

Le profit passe avant les droits humains pour Volkswagen

Protest Wolfsburg

Photo : Mobilisation le 10 février à Wolfsburg, en Allemagne. Les protestataires ont demandé à Volkswagen de fermer sa filiale d’Urumqi et de garantir qu’aucun·e des employé·e·s de l’usine ne figure sur la liste des Ouïghour·e·s disparu·e·s / SPM Allemagne

En février dernier, le nouveau directeur de Volkswagen s’est rendu en Chine où un grand nombre de véhicules sont produits et commercialisés. Le patron du groupe est resté muet sur la situation problématique en matière de droits humains au Turkestan oriental et sur la polémique visant l’usine Volkswagen présente dans la région.  Le comité directeur, quant à lui, estime qu’il n’y a pas lieu d’agir.

Le groupe allemand Volkswagen entretient d’étroites relations avec la Chine. Le constructeur automobile ne se contente pas d’y produire ses véhicules. Le pays est également son plus gros marché. Mais le chiffre d’affaires total du groupe en Chine a affiché une nouvelle baisse en 2022. Une situation que le nouveau dirigeant de l’entreprise, Oliver Blume, semble à tout prix vouloir renverser en se rendant en Chine au mois de février : selon ses déclarations, le groupe aurait élaboré de grandes stratégies et des programmes concrets.

Cette réaction intervient tandis que la situation en matière de droits humains en Chine continue d’empirer. Le régime chinois renforce encore davantage son contrôle et réprime toute opposition avec une extrême sévérité, comme cela s’est vu dernièrement dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID-19. Mais la répression ne date pas d’hier : depuis plus de 60 ans, le régime chinois contrôle le Tibet et les Tibétain·e·s, y compris au-delà des frontières nationales. Et au Turkestan oriental, l’oppression exercée par Pékin a pris une ampleur à peine imaginable. Là-bas, la minorité musulmane ouïghoure ainsi que d’autres communautés d’origine turque sont confrontées à la surveillance de masse, au travail forcé et aux détentions en masse dans les « camps de rééducation » où la torture est monnaie courante.

Le profit à tout prix

Le comité directeur de Volkswagen fait abstraction du risque majeur de se retrouver lié à ces crimes : l’entreprise exploite un site de production à proximité immédiate d’un camp dit de rééducation à Urumqi, la capitale du Turkestan oriental. Et les chaînes d’approvisionnement qui fournissent l’acier, l’aluminium, les batteries et les composants électroniques destinés aux voitures sont elles aussi en lien avec des entreprises au Turkestan oriental associées au travail forcé, comme le montre un rapport de l’université de Sheffield Hallam publié fin 2022.

Interrogé en 2019 sur la situation au Turkestan oriental, le constructeur automobile avait répondu qu’il n’était pas au courant de l’existence de centres de détention dans la région. Des propos totalement invraisemblables car à l’époque déjà, des Ouïghour·e·s et des organisations de soutien réclamaient haut et fort la fermeture de toutes les unités de production au Turkestan oriental. Jusqu’à présent, Volkswagen n’a tiré aucune conséquence : les usines de production situées à Urumqi continuent de tourner. Le nouveau patron du groupe élude le sujet et a refusé de prendre position publiquement dans le cadre de sa visite en Chine. Quant au responsable de la marque en Chine, Ralf Brandstätter, ce dernier estime qu’il n’y a pas lieu d’agir. A l’issue de sa visite à Urumqi, il déclara n’avoir constaté rien de contradictoire. Rien de surprenant quand on sait qu’un examen indépendant de la situation en matière de droits humains au Turkestan oriental n’est plus possible depuis des années.

Le profit ne peut pas constituer la seule motivation de Volkswagen à maintenir en activité son usine d’Urumqi. En effet, la production y est en recul constant ces dernières années. Et pourtant, l’entreprise tient à son site d’Urumqi. Les raisons seraient politiques : en 2020, lors d’une rencontre avec Viola von Cramon-Taubadel, membre du Parlement européen, des cadres du groupe lui aurait confié que si Volkswagen décidait de fermer son usine au Turkestan oriental, la marque risquait de ne plus pouvoir produire un seul véhicule en Chine.

Le message est donc clair : le business avec la Chine pèse davantage que les droits humains aux yeux du fabricant automobile. Mais les Ouïghour·e·s et les organisations de défense des droits humains, dont la SPM Suisse, maintiennent leurs revendications : le groupe Volkswagen doit prendre position sur la question de la situation en matière de droits humains en Chine, et notamment dans la région du Turkestan oriental d’où il doit se retirer.

 

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