09. février 2023

Actualité

Brésil : les Tupinambas accélèrent la reconnaissance essentielle de leur espace de vie

Selbstdemarkierung Tupinambá

Photo : « Terra Indígena Tupinambá » La fin d’une expédition d’auto-démarcation du territoire autochtone

La communauté des Tupinambas travaille actuellement avec acharnement pour faire reconnaître son territoire par l’Etat. Avec l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement brésilien, le moment semble en effet propice : dès le premier mois de son mandat, le président Lula a pris des mesures en faveur de la reconnaissance des territoires autochtones. Une reconnaissance essentielle pour les communautés concernées et qui légitimerait le droit de ces dernières à vivre sur leurs terres ancestrales.

Parmi les premières décisions officielles, le nouveau gouvernement du président Lula a choisi de faire du respect des droits des communautés autochtones une priorité. En fait notamment partie la protection de leurs territoires. Conformément à la Constitution brésilienne, l’Etat a le devoir de reconnaître et de protéger les territoires autochtones. « Lorsqu’un territoire est classé 'Terra Indígena' par l’Etat, il bénéficie du plus haut statut de protection qui est le meilleur rempart contre la destruction des territoires autochtones et la déforestation. Cela permet également à la culture et l’identité de la communauté autochtone vivant sur ces territoires de jouir d’une plus grande considération », explique Julia Büsser, responsable du programme Amazonie auprès de la SPM.

Ces dernières décennies toutefois, l’Etat a manqué de volonté politique ou de moyens financiers sur cette question. Le président Jair Bolsonaro au pouvoir jusqu’à la fin de l’année 2022 avait décidé l’arrêt total du processus de reconnaissance et avait même remis en question dans un projet de loi les territoires déjà reconnus. Les autochtones du Brésil veulent aujourd’hui profiter du climat politiquement favorable sous Lula pour faire avancer les choses, à l’instar de la communauté des Tupinambas qui accélère la reconnaissance officielle de son territoire situé dans le Bas-Tapajós.

Le travail complexe d’auto-démarcation bientôt achevé

Afin d’accélérer le processus de reconnaissance, la communauté des Tupinambas se charge elle-même de la première tâche qui relève en principe de l’Etat : la délimitation de leur espace de vie. Ce travail fastidieux d’« auto-démarcation » consiste à marquer les frontières du territoire acquis afin de l’identifier et de le cartographier. Les Tupinambas utilisent des cartes de la région et des GPS pour s’orienter et déterminer les limites de leur territoire. Pour cela, ils doivent avancer dans la forêt dense, ce qui demande un effort physique intense. Munis de machettes, de bottes en caoutchouc, de bâches et d’instruments de mesure, ils marquent les arbres et installent des pancartes pendant des semaines. La communauté a déjà achevé les travaux d’auto-démarcation d’une première partie de leur territoire en 2022. Dans les prochains jours débute une nouvelle expédition dans la forêt afin de collecter sur une parcelle suffisamment de données GPS qui serviront à la cartographie. Mais le travail d’auto-démarcation par les Tupinambas dans la région du Bas-Tapajós ne fait que commencer. Le processus prendra au minimum quatre ans.

Une fois les données géographiques collectées lors du travail d’auto-démarcation, celles-ci sont transmises à des spécialistes de diverses disciplines. Elles serviront à cartographier le territoire des Tupinambas. Mais des études anthropologiques et archéologiques devront également être menées afin de prouver le droit historiquement établi des Tupinambas au territoire concerné. Les Tupinambas souhaitent présenter à la fondation nationale des peuples autochtones FUNAI le rapport constitué des études et de la carte de leur territoire dès la fin février. Car du côté de la FUNAI aussi les choses ont bougé depuis l’élection de Lula : la fondation est désormais dirigée par la députée fédérale autochtone, Joênia Wapichana, ce qui devrait contribuer à une meilleure collaboration que lors des années précédentes où le président de droite Bolsonaro avait progressivement privé la FUNAI de ses pouvoirs. Cette nouveauté est un élément crucial car la FUNAI doit d’abord reconnaître le rapport avant que celui-ci ne soit remis au ministère de la Justice. A l’issue du processus de reconnaissance, c’est toutefois au président de la République en personne que revient la décision de reconnaître un territoire autochtone comme tel et donc, dans une certaine mesure aussi, la survie culturelle et physique des communautés autochtones.

Besoin de moyens financiers

Le travail de démarcation, l’élaboration du rapport ainsi que le suivi de la longue procédure d’approbation administrative demandent du temps et de l’argent. La SPM soutient depuis plusieurs années son organisation partenaire CITUPI, l’organisation de la communauté des Tupinambas, en lui apportant les ressources nécessaires.

Les Tupinambas souhaitent saisir les possibilités qui s’offrent aujourd’hui pour atteindre leur objectif d’ici 2026. « Nous espérons que l’actuel gouvernement sera en mesure de dialoguer et de collaborer étroitement avec les gens, explique Raquel Tupinambá, cheffe autochtone de la communauté des Tupinambas et coordinatrice de la CITUPI. Le gouvernement doit nous soutenir mais il doit surtout respecter les termes de la Constitution brésilienne en protégeant nos territoires et en renforçant nos organisations. »

 

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