Les communautés autochtones face à la répression
La SPM attire l’attention sur la répression étatique accrue en Russie et soutient ses partenaires qui en font l’objet. Depuis le début de la guerre russe contre l’Ukraine, la répression n’a fait qu’empirer.
Identité, histoire, culture, religion et langue autochtones subissent une oppression structurelle en Russie. L’Etat russe décide quelles communautés sont considérées comme autochtones et fixe les critères correspondants. Elles doivent notamment suivre un mode de vie et un mode économique traditionnels, et ne doivent pas compter plus de 50 000 membres. Ce faisant, le gouvernement russe refuse à de nombreuses communautés leur identité autochtone et dans le même temps les droits afférents. Actuellement, il ne reconnaît que 46 communautés comme « peuples autochtones avec une population en nombre limité ». Ceci n’empêche pas que les communautés reconnues soient elles aussi limitées dans leurs droits fondamentaux puisque le cadre juridique international ne s’applique pas en Russie : l’Etat russe n’a en effet pas ratifié la Convention 169 de l’OIT et n’a pas non plus adhéré à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA).
Bon nombre de territoires autochtones de Russie recèlent des matières premières que les entreprises exploitent la plupart du temps sans considération pour les communautés vivant sur place. Les organisations autochtones et les personnes qui luttent en faveur des intérêts et des droits des communautés concernées et qui s’opposent donc aux intérêts des entreprises étatiques ou proches de l’Etat sont discréditées, voire criminalisées. En outre, l’Etat a désormais pris le contrôle de l’Association des peuples autochtones RAIPON, sapant ainsi son indépendance.
Influence de la guerre
La répression contre les communautés autochtones de Russie n’a cessé d’augmenter depuis l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, en violation du droit international, mais cela passe souvent inaperçu dans le contexte des violences en Ukraine. Un nombre disproportionné d’hommes autochtones se voit contraint par la pression étatique et financière, de rallier l’armée russe et de lutter pour un pays qui bafoue systématiquement leurs droits, qui occupe et terrorise des territoires autochtones en Ukraine aussi.
En outre, la Douma, proche du gouvernement, a voté plusieurs lois depuis le début de la guerre : il est interdit de parler de cette guerre en la désignant ainsi. Ce qui rend impossible toute information critique sur le sujet. Les médias indépendants ont dû cesser leur activité, l’accès aux réseaux sociaux a été bloqué, et beaucoup d’organisations de défense des droits humains ont été interdites. Depuis 2022, toute personne critiquant publiquement les institutions étatiques encourt jusqu’à 15 ans de prison. Beaucoup de militant·e·s pour les droits humains se voient contraint·e·s de fuir.
Ce que fait la SPM
La situation en Russie a poussé à l’exil certain·e·s partenaires de la SPM. De leur lieu d’exil, ils·elles continuent de s’engager pour les droits des communautés autochtones en Russie et ont fondé une organisation de personnes exilées, le Comité international des peuples autochtones de Russie (ICIPR). LA SPM soutient l’ICIPR pour les questions organisationnelles mais aussi en relayant les préoccupations des peuples autochtones de l’Arctique russe et en informant sur leur situation précaire en matière de droits humains. Outre son étroite collaboration avec les organisations de personnes en exil, la SPM soutient également des militant·e·s autochtones en Russie. Afin de ne pas mettre en danger ces partenaires en Russie, leur identité et les détails de la collaboration doivent rester protégés, car la simple collaboration avec des organisations internationales telles que la SPM sert à l’Etat russe de raison pour une répression massive.