14. février 2023
Actualité
Rassemblement devant l'ONU sur la situation en Chine
Image : Manifestants ouïghours. / Shutterstock
Les Ouïghours manifesteront le 15 février à Genève devant l’ONU – la SPM est coorganisatrice. Notre experte de la Chine Fabienne Krebs explique les objectifs de cette manifestation.
Un rapport de l’ONU sur la situation juridique de la Chine va être publié prochainement. De quoi s’agit-il exactement ?
Tous les cinq ans, les Etats doivent remettre un rapport sur la mise en œuvre dans leur pays du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. La Chine a rendu son rapport à l’automne dernier, avec un certain retard. Le rapport fait actuellement l’objet d’un examen par un comité de contrôle de l’ONU. Ce comité prendra également en compte les rapports d’organisations tierces telles que le Congrès mondial ouïghour et les organisations tibétaines, qui dénoncent la situation en matière de droits humains en Chine. A l’issue de cet examen, le comité formulera des recommandations à l’attention de la Chine sur le respect de ses obligations dans le cadre du Pacte.
Avant la publication de ces recommandations, des membres de la communauté ouïghoure ont prévu de manifester le 15 février prochain devant l’ONU à Genève. Quelles sont leurs revendications ?
Les manifestant·e·s demandent aux 18 expert·e·s du comité d’examiner la situation au Turkestan oriental de manière indépendante et de formuler des recommandations en faveur de la protection des droits des Ouïghour·e·s et d’autres groupes de population vivant dans cette région. Les participant·e·s au rassemblement leur demandent également de ne pas se laisser intimider ou influencer par les représentant·e·s de la Chine.
L’influence de la Chine sur cet organe est-elle vraiment si grande ?Selon une récente étude du Lowy Institute en Australie, l’influence de la Chine sur les résolutions de l’ONU diminue de nouveau progressivement après avoir atteint un pic en 2017. Cela est notamment dû au travail de sensibilisation. Mais au sein des organes en charge des questions des droits humains, à Genève, l’influence de la Chine reste nettement perceptible. Nous en avons eu la démonstration dernièrement avec le rapport de la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, portant sur la situation au Turkestan oriental, qui fut publié avec un an de retard. Et bien que celui-ci ait relevé l’existence de possibles crimes contre l’humanité, il ne s’est trouvé aucune majorité par la suite pour débattre de la conduite de la Chine au Turkestan oriental.
Néanmoins, la Chine pourrait bien se voir critiquer dans le rapport à venir. Quelles conséquences cela aura sur la situation en matière de droits humains ?
L’on espère que le comité de l’ONU constatera des violations du droit international dans la région du Turkestan oriental et qu’il formulera des recommandations en faveur de la protection des droits des Ouïghour·e·s et d’autres groupes de population. Certes, ces recommandations ne pourront pas être imposées mais elles permettraient néanmoins d’exercer une pression internationale sur la Chine. En outre, les évaluations indépendantes réalisées par les organes de l’ONU constituent des sources d’informations essentielles pour le travail qu’effectuent sans relâche nos partenaires à Genève et partout dans le monde.
Quelle est la situation en matière de droits humains au Turkestan oriental ?
La Chine y mène une politique brutale en recourant à l’emprisonnement, au travail forcé, au contrôle massif des naissances, à la surveillance discriminatoire et à l’intrusion dans la vie privée. Il s’agit d’une politique menée contre les Ouïghour·e·s et d’autres groupes de population vivant au Turkestan oriental et par conséquent contraire au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.