30. septembre 2024

Actualité

Après 17 ans de lutte, le territoire autochtone mundurukú est reconnu comme « Terra Indígena »!

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Pendant 17 ans, le peuple mundurukú a lutté, tremblé et espéré. Il a désormais atteint un objectif important : son territoire Sawré Muybu a été reconnu mercredi dernier par le Ministère de la justice comme « Terra Indígena ».

Grand succès pour le peuple mundurukú dans l’Etat brésilien du Pará ! Mercredi 25 septembre, le Ministre de la justice et de la sécurité publique, Ricardo Lewandowski, a signé l’ordonnance 779/2024 proclamant le territoire Sawré Muybu comme « Terra Indígena ». C’est là la protection légale la plus élevée que peut obtenir une communauté autochtone au Brésil. La reconnaissance confère le droit autochtone d’autodétermination ainsi que la protection contre la déforestation et l’exploitation économique de leur territoire. « La reconnaissance officielle du territoire mundurukú, le Sawré Muybu, est d’une immense importance, déclare Julia Büsser, responsable du programme Amazonie de la SPM. Durant les dernières années, le peuple mundurukú a subi des attaques toujours plus nombreuses. L’orpaillage illégal a notamment eu des conséquences catastrophiques. Avec nos partenaires mundurukús, nous espérons désormais que le nouveau statut de protection apportera plus de calme et de sécurité. »

Le peuple mundurukú lutte déjà depuis 2007 pour une reconnaissance étatique de son territoire. En 2016, l’autorité autochtone FUNAI a publié un rapport notifiant une superficie de territoire mundurukú de 178 173 hectares. Selon la constitution brésilienne de 1988, le territoire aurait déjà dû être reconnu comme « Terra Indígena » dans les années 90. Mais les autorités sont lentes à moudre le grain et le lobby agricole met tout en œuvre pour empêcher le succès. La présidence du conservateur de droite Jair Bolsonaro (2019-2022) a été particulièrement catastrophique : il a publiquement annoncé que les communautés autochtones ne recevraient « pas un centimètre supplémentaire de terres ». Durant cette période, les attaques violentes perpétrées contre les militant·e·s autochtones qui défendaient leurs terres ont fortement augmenté. Dans ces conditions particulièrement dures, le peuple mundurukú a réalisé lui-même, pendant des années, un fastidieux travail de démarcation, soutenu notamment par la SPM. Après l’entrée en fonction de l’actuel président Luiz Inácio Lula da Silva, la demande du peuple mundurukú est enfin arrivée entre les mains du Ministre de la justice et de la sécurité publique, Ricardo Lewandowski.

Un signe d’espoir, qui nécessite maintenant des actes de la part du gouvernement

Ricardo Lewandowski a déjà signé, durant le dernier mois, trois décrets pour la reconnaissance des territoires autochtones : « Nous avons terminé une période de six ans sans démarcations. Maintenant, nous avons entamé une nouvelle étape pour les peuples autochtones au Brésil et n’en resterons pas là », a souligné le Ministre de la justice. Il a également rappelé l’importance de la reconnaissance du Sawré Muybu, dans sa protection contre l’orpaillage illégal et la déforestation illégale. L’exploitation aurifère a tout particulièrement impacté la région, avec des fuites régulières de mercure qui ont empoisonné les humains et l’environnement.

Aussi porteuses d’espoir que peuvent être les paroles du Ministre, la reconnaissance du Sawré Muybu n’en reste pas moins une goutte d’eau dans l’océan : la superficie totale du territoire habité par le peuple mundurukú dans l’Etat du Pará compte environ 2,6 millions d’hectares et les communautés qui s’opposent à la destruction de leurs terres risquent toujours d’être victimes de violences et d’assassinats . « Nous nous faisons du souci pour la sécurité de nos leaders . Nous avons pour mission de conserver ce que d’autres veulent détruire », clame le leader mundurukú, Juarez Saw Mundurukú, présent lors de la signature de l’ordonnance.

La SPM travaille en collaboration étroite avec la communauté mundurukú, pour la soutenir dans sa lutte pour son territoire et ses droits. « Le gouvernement doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour lutter contre les menaces de l’exploitation minière illégale et la déforestation. Ce qui signifie concrètement qu’outre des lois strictes de protection des communautés autochtones et de leurs territoires, il y a besoin d’une surveillance sévère ainsi que de sanctions exemplaires en cas de manquements. Parallèlement, le gouvernement doit montrer à la population des alternatives à l’orpaillage illégal », souligne Julia Büsser.

 

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