13. janvier 2017
Communiqué de presse
Visite du président chinois : appel à un discours clair en faveur d’une politique pacifique vis-à-vis des minorités
Le Conseil fédéral ainsi que le WEF se préparent à accueillir un invité de haut rang : le président chinois, Xi Jinping, se rend pour la première fois au Forum économique mondial (WEF) et aura d’ailleurs l’honneur d’ouvrir la manifestation. Avant cela, il rencontrera le Conseil fédéral dès dimanche. La Société pour les peuples menacés (SPM) redoute que les sérieux problèmes en matière de droits humains soient une fois de plus ignorés lors des débats, comme cela avait été le cas dans le cadre de l’accord de libre-échange avec la Suisse. La SPM enjoint donc le Conseil fédéral à ne pas se laisser guider uniquement par des intérêts économiques mais à tenter d’établir un dialogue avec le Président Xi Jinping afin de le convaincre de changer sa politique en matière de minorités, en particulier vis-à-vis des Tibétains, des Ouïghours et des Mongols.
Avec l’agitation qui entoure la visite du président de la République populaire de Chine, on omet que le pays se comporte d’une façon incroyablement violente envers les opposants et en particulier envers les minorités. Durant l’été 2015, par exemple, plus de 300 défenseurs des droits humains ont été arrêtés ou interdits de sortie du territoire de façon arbitraire. La Chine est aussi de loin le pays qui prononce le plus de condamnations à mort. Les minorités nationales, notamment les Tibétains, les Ouïghours et les Mongols, sont particulièrement mises sous pression. Actuellement, le gouvernement chinois détruit de grandes parties de l’institut de formation tibétain Larung Gar. Depuis août 2016, le nombre des moines et des religieuses formées dans cet institut a diminué de moitié, pour ne plus s’élever qu’à environ 5000 personnes. L’exploitation de ressources naturelles au Tibet, imposée sans consulter la population locale, a quant à elle entraîné la sédentarisation forcée d’une frange de la population qui vivait de façon nomade. Voilà pourquoi les Tibétains manifestent régulièrement en Chine et dans le monde, y compris en Suisse.
Les principales victimes sont les Ouïghours, une minorité musulmane harcelée sous prétexte du contexte terroriste actuel, bien que les Ouïghours pratiquent un islam pacifique et ouvert. De même que les Mongols, en Mongolie intérieure et au Tibet, ils sont pris pour cible parce que leur terre recèle des ressources naturelles importantes et que ces minorités réclament l’autonomie qui leur est garantie par la Constitution.
L’accord de libre-échange conclu entre la Suisse et la Chine est entré en vigueur fin juin 2014. Les mots droits humains n’y figurent pas une seule fois, car la Chine est assez sensible à la critique et utilise son pouvoir économique et politique comme moyen d’intimidation. Elle a aussi récemment menacé les autorités de la ville de Zurich, en raison de l’accueil du Dalaï Lama. Dans une perspective de politique extérieure globale en matière de droits humains, le gouvernement suisse n’a cependant pas le droit d’ignorer ces énormes problèmes. La SPM demande donc au Conseil fédéral et à Klaus Schab, du WEF, de discuter ouvertement avec le président Xi Jinping de la question du traitement des minorités et du mauvais bilan général en matière de droits humains en Chine et d’exiger des améliorations.