31. octobre 2018

Communiqué de presse

Sri Lanka et Brésil : inquiétudes profondes pour les droits des minorités

C’est avec une grande inquiétude que la Société pour les peuples menacés (SPM) prend connaissance des récentes évolutions politiques au Sri Lanka et au Brésil. Vendredi dernier, le président sri lankais Maithripala Sirisena a limogé par surprise le premier ministre pour mettre à sa place Mahinda Rajapaksa, criminel de guerre présumé. Au Brésil, le candidat d’extrême-droite, Jair Bolsonaro, s’est imposé lors des élections. Les communautés autochtones, en particulier, redoutent maintenant que l’on revienne en arrière sur les avancées réalisées depuis la fin de la dictature militaire. La SPM craint quant à elle que dans ces deux pays, la violence à l’encontre des minorités et des autochtones augmente massivement et enjoint le Département fédéral des affaires étrangères à réclamer en des termes clairs le respect des droits des minorités et de l’Etat de droit.

Le Sri Lanka se trouve actuellement dans une crise politique profonde. Vendredi soir, le président Maithripala Sirisena a nommé aussi soudainement que de manière inattendue l’ancien président et criminel de guerre présumé, Mahinda Rajapaksa, à la tête de son gouvernement. La destitution de l’ancien premier ministre, Ranil Wickramasinghe, est contraire à la Constitution. Afin d’empêcher le parlement de riposter, le président l’a tout bonnement suspendu jusqu’au 16 novembre.

Le choc au sein de la population est profond. Les partisans de Rajapaksa ont fêté la nomination de leur leader avec force feux d’artifice, dans la nuit de vendredi à samedi. Dans le même temps, les médias étatiques ont été occupés ; dans au moins un cas, il s’est agi d’un assaut en règle dans les bureaux d’une chaîne de télévision. Des affrontements entre des partisans de Rajapaksa et le personnel de sécurité d’un ministre ont déjà fait un mort dimanche.

La crainte que la violence se propage est grande. Les personnes politisées et les journalistes redoutent vivement de devenir les cibles du régime de Rajapaksa, comme elles l’ont déjà été lorsque ce dernier était président. Les militant-e-s d’origine tamoule sont tout particulièrement menacé-e-s.

Un danger plane sur l’Amazonie et sa population autochtone

La SPM est tout aussi effondrée par l’élection de Jair Bolsonaro, un extrémiste de droite, comme nouveau président du Brésil. Bolsonaro entend ouvrir de manière systématique les territoires des peuples autochtones à l’industrie, à la recherche de matières premières et à d’autres projets d’envergure. La protection des forêts amazoniennes fait donc face au plus grand défi auquel elle ait été confrontée ces dernières décennies. Sans une protection efficace des forêts, la survie de leurs populations autochtones est gravement menacée. En outre, la destruction de la forêt aurait un impact désastreux sur la biodiversité et aggraverait les changements climatiques.

Au total, les communautés autochtones revendiquent actuellement la protection de plus de 1306 territoires. La Constitution de 1988 accorde aux peuples autochtones le droit de démarquer la zone qu’ils occupent par tradition et ainsi de la protéger contre la destruction. La procédure de reconnaissance des territoires s’enlise toutefois : plus de 840 procédures ne sont pas closes et dans plus de 530 de ces cas, les travaux n’ont même pas encore commencé. Désormais, la menace d’un retour en arrière massif plane : les communautés autochtones craignent que le processus de démarcation soit stoppé sous la présidence de Bolsonaro et que les territoires déjà attribués soient cédés en vue de l’utilisation de leurs matières premières.

La SPM craint que dans ces deux pays, la violence à l’encontre des minorités ou des autochtones augmente massivement et enjoint le Département fédéral des affaires étrangères à réclamer en des termes clairs de la part des deux Etats qu’ils respectent les droits des minorités et l’Etat de droit.

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