24. novembre 2021
Communiqué de presse
« Le business as usual n’est pas une option » : publication d’un manifeste sur les relations avec la Chine
Une coalition d’organisations de la société civile publie aujourd’hui le « Manifeste de Lucerne sur la République populaire de Chine ». Le manifeste est un appel à tou-te-s les décideurs/euses politiques et économiques pour qu’ils/elles revendiquent les droits humains dans leurs relations avec la République populaire de Chine, et ce à tous les niveaux et sur tous les sujets. Il est publié à l’occasion du meeting annuel de l’Europa Forum Lucerne, qui débute aujourd’hui et qui aborde le thème des relations avec la Chine, mais qui ne traitera des droits humains que de façon très marginale.
Le nombre inquiétant de violations des droits humains par la République populaire de Chine, son oppression massive de tous les mouvements d’opposition et sa façon de plus en plus agressive d’imposer ses intérêts politiques, économiques et territoriaux menacent de saper le système international des droits humains.« Lorsque des droits humains sont systématiquement bafoués et remis en question dans leur essence même, tel que dans le cas des Ouïghour-e-s, on devrait prendre cela en compte dans chaque débat », affirme Gheyyur Kuerban du World Uyghur Congress.
Avertissement d’une large alliance
Afin de corroborer cette revendication, une large coalition d’organisations de la société civile publie aujourd’hui un manifeste, le « Manifeste de Lucerne sur la République populaire de Chine » (anglais : « Lucerne Manifesto on the People’s Republic of China »). Il met en évidence l’ampleur des violations des droits humains commises par le gouvernement de la République populaire de Chine, leur portée et l’impossibilité de les réparer. Il invoque la communauté internationale, et donc de la Suisse également, à tenir une position résolue.
« Le manifeste tient à alerter sur le fait que le business as usual ne peut plus être une option. Nous demandons aux responsables politiques et économiques de se pencher une bonne fois pour toutes sur le sujet et d’entériner ensemble une position en faveur des droits humains », affirme Tashi Shitsetsang de l’Association des jeunes Tibétains en Europe.
Les droits humains, un sujet marginal au Europa Forum Lucerne
Le manifeste est publié aujourd’hui, à l’occasion même du meeting annuel de l’Europa Forum Lucerne, sur le thème des relations entre la Suisse et la Chine, qui ne traitera des droits humains que de façon très marginale. Si le programme et le site du forum parlent de « valeurs », les droits humains ne sont à aucun moment mentionnés. Malgré l’importance du sujet, aucun-e défenseur-euse des droits humains de la société civile n’a voix au chapitre. A la question de la Société pour les peuples menacés, les organisateurs ont répondu que les droits humains n’étaient pas un axe de réflexion de l’Europa Forum Lucerne.
« Cette justification s’inscrit malheureusement dans voie spéciale choisie par la Suisse, regrette Lisa Mazzone, Conseillère aux Etats et présidente de la Société pour les peuples menacés Suisse. On parle de la Chine et avec la Chine sans même traiter raisonnablement des droits humains : c’est inacceptable ! » Selon les signataires du manifeste, les droits humains doivent être thématisés et revendiqués dans les relations avec la République populaire de Chine, à tous les niveaux et sur tous les sujets.
Revendications des signataires
Les signataires déposent dans leur manifeste les revendications suivantes :
A l’attention des pays partageant des valeurs démocratiques et centrées sur les droits humains
- Défendre le multilatéralisme et les normes internationalement reconnues en matière de droits humains au sein d’une alliance forte constituée de pays partageant les mêmes valeurs
- Mener une politique extérieure cohérente : thématiser systématiquement les droits humains universels à tous les niveaux de la hiérarchie
- Exiger une solution pacifique aux conflits avec Taiwan, Hong Kong et les territoires occupés, conformément à la volonté et aux intérêts des groupes de population concernés
- Lancer un boycott diplomatique des Jeux olympiques d’hiver de 2022
A l’attention des dirigeant-e-s économiques
- Réaliser un contrôle du devoir de diligence en matière de droits humains selon les Principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, et d’après les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales pour les participations d’entreprises, les importations, les exportations et les financements en relation avec la République populaire de Chine
Critique face à l’immobilisme de la Suisse
Les organisations signataires sont European Federation of Taiwanese Associations, l’association allemande Verein der Hongkonger in Deutschland, l’Association d’amitié Suisse-Tibet, l’Association des jeunes Tibétains en Europe, Taiwan Association for Human Rights, Communauté tibétaine en Suisse et au Liechtenstein, l’Association des femmes tibétaines en Suisse (TFOS), World Uyghur Congress, l’Association Ouïghours Suisse ainsi que la Société pour les peuples menacés Suisse et Allemagne. Elles attirent ainsi l’attention sur l’immobilisme dominant dans les milieux politiques et économiques. Force est de constater que le Conseil fédéral n’a toujours pas pris de décision sur la reprise des sanctions de l’UE du printemps dernier. En outre, une déclaration sur le Xinjiang au niveau de l’ONU il y plus d’un mois n’a pas été cosignée par la Suisse.