02. septembre 2013

Communiqué de presse

Ne pas se laisser éblouir: Le Sri Lanka dans le collimateur des ONG

Le Sri Lanka est considéré par beaucoup comme un paradis de vacances. Mais la répression de l’opposition s’intensifie, les persécutions des Tamouls se poursuivent, et le gouvernement sri lankais n’a toujours pas mené d’enquête crédible et indépendante sur les crimes de guerre commis en 2009. La Société pour les peuples menacés, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés et Amnesty International lancent une campagne pour amener le Conseil fédéral à s’engager pour les droits humains au Sri Lanka et offrir sa protection aux requérants d’asile sri lankais.

Navi Pillay, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, s’est rendue au Sri Lanka du 25 au 31 août à l’initiative du gouvernement sri lankais. Et la réunion des pays du Commonwealth aura lieu mi-novembre à Colombo. L’occasion idéale pour le Sri Lanka, en occupant le devant de la scène, de «laver son image». L’objectif de la campagne des trois organisations est précisément d’éviter cela. La vérité sur les crimes de guerre et les violations des droits humains doit éclater au grand jour.

Projection du film No Fire Zone en présence du réalisateur
Pour le lancement de la campagne en Suisse, les trois organisations projetteront le documentaire No Fire Zone : The Killing Fields of Sri Lanka en présence de son réalisateur Callum Macrae. Le film atteste de l’ampleur des crimes de guerre commis par l’armée sri lankaise. En 2009, l’armée gouvernementale livre l’assaut final contre le Tigres tamouls dans le Nord du Sri Lanka. Le gouvernement bombarde délibérément le territoire qu’il a lui-même érigé en zone de cessez-le-feu (no fire zone), provoquant la mort de quarante à septante mille civils pendant les cinq derniers mois du conflit, selon les estimations de l’ONU.

La Suisse doit faire pression et protéger

Près de cinquante mille personnes d’origine sri lankaise vivent en Suisse. Une responsabilité particulière incombe donc à notre pays. La Suisse doit non seulement donner un signal clair au niveau international, par exemple lors des prochaines négociations du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies entre le 9 et le 27 septembre. Mais elle doit également prendre des mesures concrètes pour protéger les requérants d’asile sur son territoire. C’est ce qu’exige la pétition lancée par Amnesty International, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés et la Société pour les peuples menacés et soutenue par plus de vingt organisations.

«Une enquête internationale crédible et indépendante doit être menée sur les présumés crimes de guerre perpétrés par l’armée sri lankaise et les Tigres tamouls au Sri Lanka, a déclaré Manon Schick, directrice de la Section suisse d’Amnesty International. Et l’ONU doit observer la situation sur place pour garantir la protection des personnes menacées». «Par ailleurs, nous demandons aux autorités suisses qu’elles ne renvoient personne au Sri Lanka, au vu de la situation précaire des droits humains. Aucun accord de réadmission ne doit être conclu tant qu’un retour sûr et digne des requérants d’asile ne pourra être garanti», a déclaré Suzanne Bolz de l’OSAR. «Des demandeurs d’asile tamouls, dont la requête a été rejetée en Europe ou ailleurs, ont été arrêtés de façon arbitraire et torturés lors de leur retour au pays», a précisé Angela Mattli de la Société pour les peuples menacés.

Contexte:

Quatre ans après la fin du conflit armé, la situation des droits humains au Sri Lanka reste alarmante. Le gouvernement refuse toujours qu’une enquête indépendante soit menée sur les crimes de guerre commis par l’armée sri lankaise et les Tigres tamouls. Les voix critiques sont menacées, emprisonnées ou victimes de disparitions forcées.

Les Tamouls, constamment soupçonnés d’avoir noué des liens avec le mouvement des Tigres tamouls, en particulier dans le Nord et l’Est, sont particulièrement touchés par ces violences. Les journalistes critiques, les défenseurs et défenseuses des droits humains et les témoins de crimes de guerre sont en outre systématiquement persécutés. Les opposants, les syndicalistes ou les réfugiés sri lankais renvoyés dans leur pays risquent la prison, la torture et des persécutions.

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