25. juin 2024
Communiqué de presse
Libre-échange avec la Chine malgré la torture ? ONGs remettent au SECO une ligne rouge
Il y a dix ans, le 1er juillet 2014, l’accord de libre-échange entre la Suisse et la République populaire de Chine (RPC) entrait en vigueur. L’accord ne mentionne aucunement les droits humains. Depuis, la situation des droits humains en Chine s’est fortement aggravée, notamment pour les personnes des communautés tibétaine et ouïghoure. Malgré cela, la Suisse veut maintenant développer l’accord à la demande de l’économie. Avec ses organisations partenaires ouïgoures et tibétaines, la Société pour les peuples menacés exige une ligne rouge claire : pas de développement de l’accord de libre-échange avec la Chine sans droits humains ! Pour donner plus de poids à cette revendication, la SPM et ses partenaires ont remis une ligne rouge symbolique au SECO.
Torture, travail forcé, anéantissement culturel : la situation des droits humains en République populaire de Chine (RPC) est grave. Elle s’est fortement détériorée au cours des dernières années. « Malgré cela, la Suisse veut maintenant resserrer ses liens avec la Chine pour des intérêts économiques », critique Anna Leissing, directrice de la Société pour les peuples menacés (SPM). Pourtant, les droits humains, tels qu’ils sont ancrés dans la Constitution fédérale, s’appliquent également à la négociation d’accords de libre-échange. Afin de rappeler au Conseil fédéral son obligation, la SPM et ses partenaires ont remis aujourd’hui au Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) une ligne rouge pour les prochaines négociations avec la Chine : « La Suisse doit enfin prendre ses responsabilités : une extension de l’accord de libre-échange sans prise en compte des droits humains ne sera pas à la hauteur de cette responsabilité », exige Rizwana Ilham, présidente de l’Association Ouïghours Suisse.
La Suisse est le seul pays du continent européen à avoir conclu un accord de libre-échange avec la Chine. Les partenaires commerciaux les plus proches de la Suisse en Europe ainsi que les Etats-Unis prennent de plus en plus de sanctions contre le gouvernement chinois, afin de le rendre responsable de ses violations des droits humains. « Mais pas la Suisse : elle place toujours les intérêts commerciaux au-dessus des droits humains », déclare Londen Thoding de l’Association des jeunes Tibétains en Europe. « C’est pourquoi nous demandons à la Suisse de tracer enfin une ligne rouge dans ses discussions avec la Chine sur les droits humains », déclare Nordoen Pema, membre du comité de la Société d’amitié suisse-tibétaine.
La Chine bafoue les droits humains
Répression contre la communauté tibétaine : au printemps 2024, plus d’un millier de personnes, dont des nonnes et des moines, ont été arrêtées lors de protestations contre le projet de construction d’une centrale hydroélectrique dont la mise en service conduirait à l’inondation de plusieurs villages et monastères tibétains d’une grande importance historique. Près d’un million d’élèves tibétain·e·s de 4 ans et plus – soit plus de 80 % de tous les enfants tibétains en âge d’être scolarisés – sont contraint·e·s de fréquenter des internats loin de leur famille, où seule la langue et la culture chinoises leur sont inculquées.
Répression contre la communauté ouïghoure au Turkestan oriental (Xinjiang) : ces dernières années, l’incarcération de près d’un million de personnes dans des « camps de rééducation » où elles sont endoctrinées et, parfois torturées et violées, a fait la une des journaux du monde entier. Alors que certains de ces camps ont récemment été fermés suite à la pression internationale, la population ouïghoure est également surveillée à l’extérieur de ceux-ci. Les ancien·ne·s détenu·e·s des camps sont assigné·e·s à résidence, condamné·e·s à de longues peines de prison ou soumis·es à des travaux forcés. De plus, il est documenté que le gouvernement chinois provoque un changement dramatique de la composition démographique de la région par des stérilisations forcées et d’autres mesures de contrôle des naissances chez les femmes ouïghoures.