28. septembre 2017
Communiqué de presse
Le Conseil fédéral doit poursuivre une politique du mercure cohérente, y compris pour le commerce de l’or
La première Conférence internationale sur la Convention de Minamata sur le mercure se terminera vendredi matin. La Suisse s’est fortement mobilisée en faveur de cette convention dont le but est d’endiguer les émissions de mercure. Le métal est par exemple utilisé pour l’extraction artisanale de l’or, avec des conséquences catastrophiques pour les êtres humains et l’environnement. La Société pour les peuples menacés (SPM) invite le Conseil fédéral à déterminer si et dans quelle mesure le commerce de l’or en Suisse va à l’encontre des efforts de la Convention de Minamata. Dans cette optique, une interpellation a été déposée devant le Parlement aujourd’hui.
En août de cette année, la Convention de Minamata est entrée en vigueur, qui vise à endiguer les émissions de mercure dans le monde entier. La Suisse s’est battue en première ligne pour que cet accord puisse voir le jour et y a également contribué financièrement.
Selon l’OMS, le mercure (Hg) est l’une des substances chimiques les plus nocives pour la santé humaine, car ce métal peut avoir des effets préjudiciables sur le système nerveux. Le corps humain n’élimine pas le mercure, qui s’accumule dans les organismes vivants.
La Suisse insiste sur le fait que les émissions de mercure dans notre pays sont devenues « négligeables ». La révision de l’ordonnance sur la réduction des risques liés aux produits chimiques (ORRChim) pour début 2018 doit aussi réglementer fortement les importations et les exportations de mercure. Dans le même temps, la Suisse reste leader mondial dans le commerce de l’or : environ la moitié de l’or négocié dans le monde est transformée dans des raffineries suisses. Ce constat est pour le moins choquant, puisque l’extraction artisanale de l’or dans les petites exploitations représente avec 37 % la principale source de rejets de mercure. En 2015 déjà, la SPM avait tiré la sonnette d’alarme et constaté que « l’or au mercure » provenant de la région amazonienne de Madre de Dios au Pérou s’était vraisemblablement frayé un chemin jusqu’en Suisse. La SPM estime que la politique étrangère et commerciale de la Suisse ne peut pas d’une part combattre les rejets de mercure dans le cadre de la Convention de Minamata et, d’autre part, sembler tolérer le commerce de l’or au mercure. Cela atteste d’un manque total de cohérence.
Dans une interpellation déposée ce jour-même, la conseillère nationale Lisa Mazzone (Les Verts/GE) invite le Conseil fédéral à prendre position sur la question du manque de cohérence. De plus, l’interpellation demande une réponse à la question de savoir ce que le Conseil fédéral compte contre le risque que le commerce suisse autour de « l’or au mercure » réduise à néant les efforts de la Convention de Minamata.
Aujourd’hui, le conseiller national Cédric Wermuth (PS/AG) a également déposé une interpellation relative à la Swiss Better Gold Initiative du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) et de l’industrie aurifère. Dans celle-ci, il demande dans quelle mesure cette initiative réussira à résoudre les immenses problèmes environnementaux et humains que pose l’extraction de matières premières.