28. novembre 2019
Communiqué de presse
La Suisse doit défendre les droits humains vis-à-vis de la Chine
La répression et la surveillance numérique ont considérablement aggravé la situation en matière de droits humains au Turkestan oriental (Xinjiang) et au Tibet. En Suisse aussi l’emprise de la Chine est palpable, en raison des relations commerciales plus étroites entre les deux pays. La Société pour les peuples menacés (SPM) et l’Association d’amitié Suisse-Tibet (GSTF) se joignent aux organisations ouïghoures et tibétaines pour demander aux responsables politiques et aux autorités suisses de s’engager vis-à-vis de la Chine pour le respect des droits humains.
Au cours des deux dernières années, la Chine a multiplié les actes de répression systématique à l’encontre de la communauté ouïghoure, dans la région du Turkestan oriental (nom chinois Xinjiang) : Plus d’un million de personnes y sont retenues dans des camps de rééducation, pour une durée indéterminée et sans procès, comme l’ont récemment montré les « China Cables ». « La Chine tente de taire la réalité et décrit ces camps comme des lieux de formation professionnelle. En réalité, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une version moderne des camps de concentration », explique Dolkun Isa, président du World Uyghur Congress. Les proches des personnes détenues ne savent le plus souvent rien du lieu et des conditions de détention, et subissent des actes d’intimidation qui influencent leur jugement sur les personnes détenues.
Au Tibet aussi, la situation en matière de droits humains demeure extrêmement précaire. Les Tibétain-e-s voient leurs droits à la liberté de religion et de conviction, à la liberté d’expression, à la liberté de réunion ainsi que leur droit aux rassemblements pacifiques, considérablement limités. Les militant-e-s des droits humains et les membres des communautés religieuses font l’objet d’une surveillance systématique tandis que les organisations internationales et les journalistes ont l’interdiction de pénétrer dans la région. Pour l’ancien envoyé spécial de Sa Sainteté le Dalaï-Lama, Kelsang Gyaltsen, la Chine tente de faire oublier le Tibet aux yeux de l’opinion publique « pour laisser toute latitude aux autorités chinoises ».
Belt and Road Initiative : et les droits humains dans tout ça ?
Avec la signature de l’accord de libre-échange entre la Suisse et la Chine, le rapprochement opéré entre les deux pays ces six dernières années n’a fait que s’intensifier. Dans le cadre de la Belt and Road Initiative (BRI), la Suisse a demandé à la Chine d’affirmer son engagement en faveur des droits humains et de la protection des « minorités ethniques », en vain. Mais le gouvernement suisse a toutefois signé une déclaration d’intention avec Pékin, afin de consolider la coopération technique et économique entre les deux pays. « La coopération économique avec la Chine est essentielle pour notre pays, a déclaré Rosmarie Quadranti, conseillère nationale (PBD/ZH) et co-présidente du groupe parlementaire Tibet. Mais la Suisse doit se montrer plus claire dans sa position et assortir ses accords avec la Chine de conditions strictes. »
Revendications adressées à la Suisse
En 2020, la Suisse et la Chine célèbreront le 70e anniversaire de leurs relations diplomatiques ; une collaboration lourde de responsabilités. Avec le soutien des organisations ouïghoures et tibétaines, la Société pour les peuples menacés (SPM) et l’Association d’amitié Suisse-Tibet (Gesellschaft Schweizerisch-Tibetische Freundschaft GSTF) demandent aux responsables politiques et aux autorités suisses :
- de suspendre la participation de la Suisse à la Belt and Road Initiative tant que la situation des Ouïghour-e-s et des Tibétain-e-s en matière de droits humains ne se sera pas clairement et sensiblement améliorée ;
- de garantir pleinement, en Suisse, la liberté d’expression sur la situation au Tibet et au Turkestan oriental (Xinjiang) ;
- de s’engager, au niveau international et principalement vis-à-vis de la Chine, pour la fermeture immédiate des camps de rééducation au Turkestan oriental (Xinjiang) ;
- de garantir aux communautés tibétaine et ouïghoure le respect des droits humains et la protection contre la surveillance.