Histoires

« À cause des surfeurs, je pêche nettement moins de poissons »

Francis Christopher Ranraj Croos

Dutch Bay à Kalpitiya

Francis Christopher Ranraj Croos devant sa maison à l’île de Dutch Bay à Kalpitiya Francis Christopher Ranraj Croos devant sa maison à l’île de Dutch Bay à Kalpitiya

Francis Christopher Ranraj Croos n’a jamais été riche, mais auparavant lui et sa famille vivaient convenablement de la pêche. Depuis l’arrivée des kitesurfeurs pour qui une grande partie de la lagune a été réservée à des fins touristiques, il a enregistré une baisse considérable du nombre de poissons pêchés, à tel point que sa famille a du mal à joindre les deux bouts.

La famille de Francis Christopher Ranraj Croos habite depuis des générations sur l’île de Dutch Bay à Kalpitiya, dans la province du nord-est du Sri Lanka. « La pêche a toujours été bonne et nous permettait d’avoir suffisamment de revenus pour mener une vie décente », explique ce pêcheur catholique lors d’un atelier de la SPM. « Puis les kitesurfeurs sont arrivés. Aujourd’hui, je pêche si peu de poissons que j’ai du mal à nourrir ma famille », ajoute-t-il avec amertume.

Conflit entre kitesurfeurs et pêcheurs

La région de Kalpitiya est de plus en plus prisée : les kitesurfeurs la considèrent comme un paradis. Elle offre notamment la possibilité unique de passer de la lagune de Thillaidy à la mer avec le plus souvent un bon vent. L’ouverture de plusieurs écoles de kitesurf a entraîné des conflits récurrents avec les pêcheurs. En effet, quatre de ces écoles ont délimité, avec le soutien des autorités locales, une zone de deux kilomètres de long qui est interdite aux bateaux de pêche entre 8 heures et 17 heures. Depuis, les prises de Francis Christopher Ranraj Croos ont diminué de 75 %.

La peur d’être expulsé

Malgré son désespoir, Francis Christopher Ranraj Croos a tenté de dialoguer. Un jour, alors qu’un groupe de jeunes pêcheurs voulait s’en prendre au directeur d’une école de kitesurf, il a eu le courage de s’interposer et a essayé de servir d’intermédiaire. Mais le directeur l’a insulté et repoussé. Aujourd’hui, il est très en colère contre le tourisme qui ne lui a offert que de mauvaises expériences. Depuis la guerre, il vit avec sa famille dans un logement temporaire en feuilles de cocotier. Les autorités locales lui ont promis, ainsi qu’à 350 autres familles, de construire des vraies maisons et de mettre 800 000 roupies à disposition par maison. Mais les autorités touristiques nationales interdisent ces constructions. Francis Christopher Ranraj Croos pense que le but est d’expulser tous les habitants de l’île de Dutch Bay et il déclare : « S’ils veulent nous expulser, nous résisterons jusqu’à la mort. »

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