04. décembre 2016

Communiqué de presse

Sri Lanka: Détérioration inquiétante de la situation des droits humains

Le nouveau gouvernement sri lankais n’a pas réussi à répondre aux espoirs de la population, en particulier à ceux des minorités. En octobre dernier, Jaffna a été le théâtre de l’assassinat de deux étudiants, et plusieurs enlèvements ainsi que des échauffourées ont eu lieu entre la marine et des villageois. En outre, le gouvernement souhaite instaurer une nouvelle loi, dont l’application signifierait un net recul sur le plan du respect des droits humains. La Société pour les peuples menacés (SPM) enjoint la Suisse à suspendre la convention en matière de migration qu’elle vient de signer avec le Sri Lanka, au cas où cette loi devait être adoptée.

Les espoirs étaient grands, en janvier 2015, lorsqu’un nouveau gouvernement a été élu au Sri Lanka. Si quelques améliorations ponctuelles sont à noter en matière de liberté de rassemblement et de la presse, le gouvernement doit encore beaucoup à la population, dans de nombreux domaines : la torture est toujours monnaie courante, le pays reste fortement militarisé et la surveillance et l’intimidation de la société civile et des populations locales, par les forces de sécurité, se sont même accrues en 2016. Sans compter les quelque 160 prisonniers politiques encore détenus et les nombreuses terres occupées par l’armée. La confiance dans le nouveau gouvernement s’est donc passablement effondrée.

La police abat deux étudiants tamouls
La situation au Sri Lanka a évolué d’après la Société pour les peuples menacés (SPM) de façon particulièrement inquiétante en octobre dernier : au début du mois, les forces de l’ordre ont temporairement arrêté à l’aéroport Ruki Fernando, un militant connu des droits humains. Différents rapports font par ailleurs état pour le seul mois d’octobre d’au moins deux enlèvements « en camionnette blanche » dans le nord du pays, une région à dominante tamoule. Ces enlèvements se caractérisent par le fait d’être commis par des inconnus armés, dans une camionnette blanche sans plaque d’immatriculation. Dans un village près de Mannar, de violentes échauffourées ont par ailleurs eu lieu entre des soldats de la marine et des villageois à la suite de plusieurs cambriolages. Au lieu de mener une investigation indépendante, la police n’enquête que sur les fautes des villageois.

Sur la presqu’île de Jaffna, la police a abattu le 20 octobre 2016 deux étudiants tamouls et a tenté de faire passer cela pour un accident. Il a fallu attendre la découverte de balles dans les corps pour qu’une enquête soit ouverte. La police a ensuite tenté d’exercer des pressions sur la famille de l’une des victimes afin qu’elle ne dépose pas de plainte. « Tous ces événements sont à considérer sous l’angle de la militarisation persistante. Si le Sri Lanka ne réussit pas à réformer son secteur de la sécurité et à mettre un terme à l’impunité, la situation continuera de se dégrader », indique Yves Bowie, responsable de campagne SPM revenu récemment d’un séjour dans ce pays.

Un projet de loi menace la réconciliation
Ces dernières semaines, un projet relatif à une nouvelle loi anti-terrorisme (« Counter Terrorisme Act » CTA), qui comporte des effets encore plus graves que la loi draconienne en vigueur, a été rendu public. Des dommages importants contre l’économie ou l’environnement seront désormais qualifiés d’actes de terrorisme. Cette loi pourrait par exemple s’appliquer aux activistes qui s’engagent pour les droits humains économiques, sociaux et culturels. « Avec cette loi, on tente de museler l’opposition, les personnes qui critiquent le gouvernement et les défenseurs des droits humains, explique Yves Bowie. Si cette loi entre en vigueur, le processus de réconciliation fera un grand pas en arrière. »En raison des récents développements, la SPM demande à la Suisse d’adapter sa pratique en matière d’asile, de ne pas procéder à des renvois et de suspendre la convention migratoire récemment signée avec le Sri Lanka, au cas où la nouvelle loi anti-terroriste devait entrer en vigueur.

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